Favorite des sondages, elle a justifié son rang, apparaissant à la fois calme et assurée. Son duel avec l'offensif Bernie Sanders, nouvelle vedette de la gauche démocrate, a éclipsé les autres prétendants.
Ce mardi soir, les deux principaux candidats ont bien tenu leur ligne, profitant chacun à sa manière du débat pour se positionner, elle dans le rôle de la femme d'expérience incontournable, et lui dans celui de l'outsider qui, seul, pourrait résoudre la grave crise politique que traverse le pays, parce qu'il pose un diagnostic plus radical et plus audacieux. «Hillary est plus compétente mais lui est plus passionné, ces deux là feraient une excellente équipe», a résumé un téléspectateur sélectionné par CNN pour participer à un focus group.
Clinton, dont chacun guettait les faux pas, est apparue bien préparée, sûre d'elle et détendue, dans son double rôle de candidate de l'expérience et du changement. Sa prestation était très attendue après des mois d'une campagne peu inspirée et plombée par l'affaire des emails. Très incisif avec tous les candidats, dont il a exposé les faiblesses et les contradictions de manière systématique, Anderson Cooper l'a pourtant attaquée directement dans sa première question, en lui demandant si elle changeait d'avis sur tous les sujets pour des motifs d'opportunisme politique. Elle s'est vivement défendue, rappelant qu'elle avait modifié certaines de ses opinions, mais qu'elle n'avait jamais «bougé de ligne sur ses valeurs et ses engagements de fond». «Etes vous une progressiste ou une modérée», a insisté Cooper. «Je suis une progressiste qui aime faire le boulot», a-t-elle répliqué. Une manière de ne pas se laisser dépasser sur sa gauche, tout en conservant son image de pragmatique.
Hillary Clinton a été combative avec Bernie Sanders, l'attaquant dès le début du débat sur son bilan trop mou en matière de contrôle des armes. Elle l'a aussi aiguillonné sur son opposition au capitalisme et son credo de socialiste démocrate qu'il tentait de défendre en faisant référence au Danemark, à la Suède et la Norvège. «J'adore le Danemark, mais nous sommes les États-Unis d'Amérique. Notre job est de corriger les excès du capitalisme, pas de s'y opposer», a-t-elle dit. Un peu déstabilisé par ces piques, Sanders a peu à peu trouvé son propre rythme, revenant encore et encore sur la question des inégalités et sur la classe de milliardaires qui a «acheté le pouvoir politique», ne cachant pas son désir d'un véritable changement de fonctionnement du système à travers la réforme des financements de campagne et des excès de Wall Street.
La question des grandes banques, pour éviter que ces dernières ne remettent le pays sur le chemin d'un nouveau fiasco financier, a été le sujet sur lequel Hillary s'est retrouvée sur la défensive, plusieurs des candidats mettant en doute sa capacité à innover, vu ses liens privilégiés avec Wall Street. Hillary s'est défendue, affirmant avoir un plan détaillé.
Clinton et Sanders ont clairement dominé la scène, tandis que les trois autres candidats tentaient de se faire connaître. Le gouverneur Martin O'Malley est apparu offensif et plutôt percutant, tentant de profiter de son bilan dans son état du Maryland. Mais la question qui se pose est de savoir «pourquoi les électeurs qui soutiennent actuellement Clinton ou Sanders changeraient de pied pour aller vers lui», s'est interrogé le commentateur Anderson Cooper, sans trouver de réponse. Les deux autres candidats, Jim Webb et Lincoln Chafee, n'ont pas vraiment fait mouche. Webb, un ancien Marine a un profil intéressant mais est apparu trop taciturne pour l'exercice, manquant d'aisance dans l'expression. Chafee est apparu bizarre et décalé.