Le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan a remporté dimanche une nette victoire lors des élections législatives, dimanche. Le parti au pouvoir a regagné la majorité absolue au Parlement.
En Turquie, le Parti de la justice et du développement (AKP), dont est issu le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, a largement remporté les élections législatives dimanche 1er novembre. Il obtient, contre tous les pronostics, la majorité absolue qu'il avait perdue il y a cinq mois.
Sur la base de la quasi-totalité des bulletins dépouillés, l’AKP aurait ainsi recueilli 49,2 % des suffrages et raflé 316 des 550 sièges de députés, ont annoncé les chaînes NTV et CNN-Türk. Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) arriverait en deuxième place avec 24,5 % des voix, suivi du Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) avec près de 12 %, tous deux en fort recul par rapport à juin.
Autre surprise de la soirée, le Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde), qui avait fait son entrée triomphale au Parlement en juin dernier, n'y a sauvé sa place que d'extrême justesse. Avec un score de 10,4% au niveau national, il a tout juste franchi le seuil nécessaire pour être représenté sur les bancs.
Les résultats officiels seront publiés dans onze à douze jours, selon le président de la Commission électorale. Ce délai permettra d'examiner d'éventuelles protestations.
La victoire sonne comme une revanche éclatante pour le président Erdogan, âgé de 61 ans. Le 7 juin, son parti avait perdu le contrôle total qu'il exerçait depuis treize ans sur le Parlement. Mais l'homme fort du pays avait alors convoqué des élections anticipées, persuadé de pouvoir renverser les résultats. Mission accomplie, en dépit de la quasi-totalité des sondages avant le scrutin ne créditaient l'AKP que de 40 à 43% des intentions de vote.
"Aujourd'hui est un jour de victoire", s'est réjoui le Premier ministre sortant et chef de l'AKP, Ahmet Davutoglu, dans son fief de Konya au centre du pays. "Aujourd'hui, il n'y a pas de perdants mais que des gagnants", a-t-il toutefois ajouté en tendant la main à ses rivaux pour retrouver l’unité nationale perdue.
Depuis l'élection du 7 juin, le climat politique s'est en effet considérablement alourdi en Turquie. En juillet, le conflit armé qui oppose depuis 1984 les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de sécurité turques a repris dans le sud-est à majorité kurde du pays, et enterré le fragile processus de paix engagé il y a trois ans.
L'attaque suicide perpétrée il y a trois semaines à Ankara par deux kamikazes proches du groupe Etat islamique (EI), qui a fait 102 morts, a en outre ravivé dans le pays la peur de la violence jihadiste venue de Syrie.
Peu d’incidents ont été rapportés, dimanche soir, hormis de brefs affrontements en soirée entre forces de l'ordre et jeunes militants kurdes à Diyarbakir, la grande ville du sud-est de la Turquie.
Face au discours belliciste du pouvoir envers le PKK, les rivaux de Recep Tayyip Erdogan avaient appelé les électeurs à sanctionner sa dérive autoritaire, illustrée cette semaine encore par un raid spectaculaire de la police contre le siège de deux chaînes de télévision proches de l'opposition.
Longtemps salué comme l'homme du miracle économique turc, le chef de l'État est, depuis les émeutes de Gezi en 2013, dénoncé pour ses manières fortes. Mais reste très populaire dans le pays. "Mon coeur battra pour l'AKP jusqu'au bout", a lancé Cemile Bayrak, une femme voilée de 40 ans parmi les partisans en liesse dans les rues d'Istanbul.