Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a mis en garde mardi contre un usage excessif de la force, peu avant une rencontre avec le Premier ministre israélien, alors que les violences ne connaissent aucun répit.
Au premier jour de sa visite surprise, qui le conduira mercredi en Cisjordanie où il rencontrera le président palestinien Mahmoud Abbas, l'armée et la police israéliennes ont fait état de trois nouveaux attentats contre des Israéliens en Cisjordanie occupée: deux à l'arme blanche dans la région de Hébron, en Cisjordanie occupée, l'autre à la voiture bélier et au couteau au sud de Jérusalem.
Quatre Israéliens ont été blessés et quatre assaillants palestiniens ont été abattus. Dans la bande de Gaza, un Palestinien a été tué par des tirs israéliens dans des heurts le long de la barrière frontalière qui enferme le territoire, selon les secours palestiniens.
Et un Israélien est mort dans des circonstances peu claires à la suite de jets de pierres sur sa voiture près d'Hébron.
Les affrontements désormais quotidiens ont à nouveau mis aux prises Palestiniens et soldats israéliens près de Ramallah et d'Hébron ainsi qu'à Bethléem.
Les heurts, les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons israéliens et une vague d'attentats anti-israéliens ont fait plus de 45 morts palestiniens (dont plus de 20 auteurs d'attaques) ainsi qu'un mort arabe israélien d'une part, et huit morts Israéliens de l'autre depuis le 1er octobre. Un Erythréen, pris par erreur pour un auteur d'attentat, a été tué.
"Israéliens et Palestiniens sont au bord d'une nouvelle catastrophe", a prévenu M. Ban dans une conférence de presse conjointe avec M. Netanyahu, qu'il a rencontré en soirée.
L'usage excessif de la force "peut susciter des frustrations et inquiétudes qui augmenteraient les violences", a-t-il dit encore.
"Le seul moyen de mettre fin à ce conflit est au travers de négociations qui produiront des résultats concrets", a-t-il ajouté.
Il a également exprimé ses craintes face aux "déclarations des groupes palestiniens comme le Hamas et le Jihad islamique qui saluent ces attaques haineuses", en référence aux multiples attaques contre les juifs et Israéliens.
M. Netanyahu a de son côté affirmé que c'était "le droit d?Israël de défendre ses citoyens". "Nous n'utilisons pas de force excessive", s'est-il défendu.
"Dans cette période difficile, il faut dire: trop, c'est trop", avait déclaré M. Ban avant sa visite impromptue, dans un message adressé à la jeunesse palestinienne et à la population israélienne.
La visite de M. Ban relève d'un effort diplomatique récent face aux violences qui secouent Jérusalem, Israël et les Territoires palestiniens et font craindre une nouvelle intifada.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry doit rencontrer M. Netanyahu cette semaine puis M. Abbas.
Il a indiqué mardi qu'il allait attirer l'attention des dirigeants israéliens et palestiniens sur les "fondamentaux" de l'administration de l'esplanade des Mosquées, véritable poudrière au coeur de Jérusalem, pour essayer de restaurer le calme dans la ville.
Les Palestiniens accusent notamment les Israéliens de vouloir opérer une partition de l'esplanade des Mosquées, un site très sensible également révéré par les juifs.
Par ailleurs, un groupe de pays arabes a soumis à l'Unesco un texte présentant le Mur des Lamentations à Jérusalem, révéré par les juifs, comme une "partie intégrante" de l'esplanade des Mosquées, suscitant la colère d'Israël.
La communauté internationale cherche à grand-peine les moyens de contenir la nouvelle explosion des tensions.
Côté palestinien c'est une jeunesse exaspérée par l'occupation et la colonisation, désabusée par ses propres dirigeants, encouragée par les réseaux sociaux et aiguillonnée par les imprécations religieuses qui est en première ligne.
Avant l'arrivée de M. Ban, les soldats israéliens ont détruit mardi à Hébron le domicile d'un membre du Jihad islamique, condamné en mars à une double peine de prison à vie pour avoir mortellement poignardé une habitante d'une colonie israélienne et blessé deux autres colons en novembre 2014 en Cisjordanie occupée.
Face à des attentats qui mettent les nerfs des Israéliens à vif, M. Netanyahu a promis d'accélérer les procédures de destruction de maisons d'auteurs d'attentats, pratique décriée par ses détracteurs comme relevant de la punition collective.
Israël a aussi arrêté avant l'aube l'un des principaux chefs du mouvement islamiste Hamas en Cisjordanie, Hassan Youssef, qui a "activement initié et incité au terrorisme", selon un communiqué militaire.