La Suède et le Danemark ont dressé lundi de nouveaux obstacles sur la route des migrants cherchant à obtenir l'asile dans ces pays prospères de l'Union européenne, s'attirant les critiques de l'Allemagne pour qui Schengen est "en danger".
Pour la première fois depuis l'accord signé il y a un demi-siècle pour garantir la libre circulation des personnes entre les pays nordiques, la Suède impose pour entrer sur son territoire la présentation d'une pièce d'identité à tous les voyageurs arrivant du Danemark, lequel a aussitôt réagi en instaurant des contrôles à la frontière allemande.
L'Allemagne, qui a pour sa part reçu plus d'un million de réfugiés l'an dernier, a rappelé par la voix de son ministère des Affaires étrangères que "la libre circulation est un bien précieux" au sein de l'Union européenne.
L'accord de Schengen la régissant "est très important mais est en danger", a déclaré le porte-parole du ministre Frank-Walter Steinmeier, Martin Schäfer. Une dizaine d'États membres ont rétabli à divers degrés les contrôles à leurs frontières, érigeant même pour certains (Hongrie, Slovénie) des clôtures antimigrants.
Les traités européens permettent le rétablissement des contrôles aux frontières en cas exceptionnel, même si cela affaiblit considérablement les accords de Schengen entrés en vigueur en 1995.
L'Allemagne elle-même a rétabli des contrôles à sa frontière avec l'Autriche en septembre.
Confrontée à un afflux inédit de réfugiés depuis les guerres des Balkans dans les années 1990, la Suède avait réinstauré le 12 novembre des contrôles aléatoires sur deux "autoroutes" de l'immigration, le pont-tunnel de l'Öresund reliant le Danemark à la Suède, et les ferries en provenance des ports danois et allemands de la mer Baltique.
L'effet a été immédiat, avec une baisse spectaculaire des demandes d'asile. Mais le gouvernement de gauche estime que cela ne suffit pas et jusqu'à nouvel ordre, ces contrôles seront systématiques.
Au risque de froisser son voisin scandinave, Stockholm impose aux compagnies de trains et d'autocars qui empruntent le pont de l'Öresund de vérifier les identités avant embarquement, côté danois, sous peine d'amendes.
Les contrôles s'effectuent en gare de Kastrup, située dans l'aéroport de Copenhague, d'où partent la grande majorité des réfugiés désireux de se rendre en Suède.
La première journée s'est déroulée sans incident malgré l'agacement des personnes qui font la navette quotidiennement entre Copenhague et la troisième ville suédoise, Malmö.