Une prise d'otages massive était en cours vendredi à l'hôtel Radisson à Bamako, des tirs d'armes automatiques résonnant dans ce grand hôtel prisé par la clientèle internationale, où des assaillants retenaient 170 personnes. L'assaut dans ce pays du Sahel régulièrement en proie à des violences jihadistes survient une semaine exactement après les attaques meurtrières revendiquées par le groupe Etat Islamique qui ont fait 129 morts à Paris. "Une prise d'otages est en cours sur le site aujourd'hui", a indiqué le groupe hôtelier Rezidor, qui gère l'hôtel Radisson Blu, situé au centre de la capitale malienne.
Un journaliste de l'Agence France Presse sur place a entendu une fusillade en cours dans l'hôtel, situé dans le centre de la capitale, devant lequel les forces de l'ordre ont établi un périmètre de sécurité. Des tirs d'armes automatiques pouvaient être entendus de l'extérieur de l'hôtel qui compte 190 chambres. "Ca se passe au septième étage, des jihadistes sont en train de tirer dans le couloir", a déclaré une source de sécurité à l'AFP. Selon une source sécuritaire malienne, des assaillants sont rentrés dans l'enceinte de l'hôtel à bord d'une voiture munie d'une plaque diplomatique. Selon le propriétaire de l'établissement, cité par Jeune Afrique, l'attaque a été menée par "trois individus lourdement armés".
Outre des policiers et militaires maliens, des forces spéciales de la gendarmerie sont arrivées sur les lieux, où étaient également visibles des membres de la force de l'ONU au Mali, la Minusma, et des forces françaises Barkhane, selon un photographe de l'AFP également présent sur les lieux. Plusieurs ressortissants étrangers résidaient dans l'hôtel avant l'attaque. Leur nombre et nationalités n'étaient pas connus dans l'immédiat.
Un consultant français ayant requis l'anonymat qui descend régulièrement au Radisson, a estimé qu'il s'agissait "d'une cible évidente pour les terroristes". "Le Radisson se trouve à un carrefour, l'une des rues étaient bloquées. Le contrôle est assuré par les gardiens privés. Ils passaient le détecteur de métaux sous les voitures. J'avais remarqué que lorsqu'ils connaissaient ils ne le passaient plus," a poursuivi cette même source. Les personnels civils de la Minusma ont reçu un ordre de confinement et l'ambassade américaine à Bamako a appelé dans un tweet "ses ressortissants à rester à l'abri, et à respecter les instructions des autorités locales".
En août, une attaque contre un hôtel à Sévaré, près de Mopti (entre), avait fait au total 13 morts, dont quatre parmi le personnel d'une société sous-traitante de la Minusma. Le 7 mars, un attentat contre un bar-restaurant à Bamako avait coûté la vie à 5 personnes, dont un Français et un Belge. Il s'agissait de la première attaque de ce type perpétrée dans la capitale du Mali. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée. Ils y ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre, puis à partir de juin au sud du pays. Dans un enregistrement remontant à octobre et récemment authentifié, le chef du groupe jihadiste Ansar Dine, allié d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Iyad Ag Ghaly, avait appelé à poursuivre la lutte contre la France.