Un humoriste sans expérience du pouvoir, Jimmy Morales, a remporté dimanche une victoire écrasante à l'élection présidentielle au Guatemala, où une affaire de corruption a provoqué la chute du président Otto Perez et braqué l'opinion contre la classe politique traditionnelle.
Après le décompte de 70% des suffrages, Jimmy Morales se voyait créditer de 72,4% des suffrages battant largement l'ancienne première dame du pays, Sandra Torres, candidate du centre gauche, qui obtenait 27,6% des voix. Cette dernière a concédé sa défaite.
"En tant que président, j'ai reçu un mandat et ce mandat du peuple du Guatemala est de combattre la corruption qui nous ravage", a déclaré le candidat du Front de convergence nationale (FCN).
Jouant sur son statut d'outsider et promettant de nommer un gouvernement "propre", Jimmy Morales, âgé de 46 ans, a grimpé dans les intentions de vote depuis que l'enquête sur un racket douanier portant sur des millions de dollars a débouché sur la démission et l'arrestation du président Perez.
Il y a quelques mois, Jimmy Morales était presque un inconnu dans les enquêtes d'opinion mais l'affaire de corruption qui touche le pays a contribué à sa popularité
"Nous en avons marre de la politique traditionnelle, au Guatemala. Nous en avons assez du pillage du Guatemala", déclarait dimanche un petit commerçant de 47 ans, Alejandro Cruz. "J'ai voté pour Jimmy Morales. Je pense qu'il l'emportera, et que ce sera une journée historique."
Jimmy Morales a obtenu autour de 24% des suffrages lors du premier tour le 6 septembre dernier. Sandra Torres, candidate soutenue par l'UNE (social-démocrate) et ex-épouse de l'ancien président Alvaro Colom, a recueilli 19,75%, se classant deuxième juste devant l'homme d'affaires conservateur Manuel Baldizon.
Jimmy Morales fait l'objet de critiques pour certaines de ses propositions qui sont jugées farfelues, telle que celle d'équiper les enseignants d'un GPS afin de s'assurer qu'ils se rendent effectivement en classe.
"Il n'a aucun programme et aucune équipe", a commenté Hugo Novales, analyste politique au centre d'études guatémaltèque ASIES. "Mais le niveau de mécontentement est tel que ces questions ne sont pas une priorité pour l'électeur moyen."